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Coup de projecteur

Découvrez les analyses et perspectives des spécialistes de l’insertion socioprofessionnelle dans notre section Coup de Projecteur. Insertion Suisse aborde les thèmes brûlants de l’actualité.

Coup de projecteur sur la journée d’étude de la CRIEC 2024

Articles Coup de projecteur

L’insertion par l’économique : des dispositifs de collaboration gagnants-gagnants entre le premier et le deuxième marché du travail ?

Plus d’une centaine de participant·e·s venant de toute la Romandie se sont réunis dans les locaux de l’OSEO Valais à Sion pour une journée dédiée aux échanges et aux réflexions autour des pratiques de collaboration entre les acteurs du premier marché du travail et ceux de l’insertion par l’économique. Organisé par la Commission romande d’insertion par l’économique (CRIEC) de l’AIS, cet événement s’est distingué autant par la richesse des discussions que par la qualité des interventions. Cet article vise à offrir un résumé des principaux enjeux abordés au cours de cette journée, tout en les mettant en perspective. Le succès de cette rencontre a également été rendu possible grâce à l’accueil chaleureux et à l’engagement du personnel de l’OSEO Valais, dont la contribution a été essentielle à la réussite de l’événement.

Le secteur de l’insertion par l’économique s’est fortement développé en Suisse depuis le début des années 2000. Formations certifiantes, stages ou encore ateliers intégrés, l’insertion a pris des formes très variées qui impliquent à chaque fois un autre rapport au 1er marché du travail. Les collaborations tissées avec les entreprises restent toutefois encore aujourd’hui de l’ordre de l’expérimentation, de programmes très localisés voire de projets au cas par cas.

Contrairement à la France qui, avec l’introduction centralisée dans les années 90 de la clause sociale de l’insertion, oblige les entreprises postulant sur les marchés publics à « acheter » des heures d’insertion, la Suisse apparaît comme très peu institutionnalisée sur le plan de l’insertion par l’économique. Cela laisse à la fois la place pour l’innovation, mais pose également tout un ensemble d’enjeux transversaux qui exigeraient des réponses institutionnelles claires.

Quels sont donc les modèles possibles de collaborations entre 1er et 2ème marché du travail et les intermédiaires de l’insertion ? Quels sont les enjeux centraux de ces expériences à l’œuvre aujourd’hui en Suisse ?

La galaxie des modèles de l’insertion par l’économique

Nous pouvons constater au terme de cette journée que la galaxie des mesures prises pour favoriser l’insertion ou la réinsertion professionnelle se déploie aujourd’hui à partir des organismes du deuxième marché du travail et s’étend dans un continuum, jusqu’au cœur même du 1er marché du travail.

Préparer en amont les personnes hors emploi

Le premier modèle est celui des entreprises sociales, qui vise à promouvoir l’acquisition et le développement des compétences requises sur le marché du travail, mais dans un cadre distinct appelé « deuxième marché du travail ». De ce fait, les entreprises sociales doivent sans cesse adapter leur cadre de travail aux attentes professionnelles des secteurs qu’ils représentent. Elles sont également au centre de multiples injonctions parfois contradictoires comme a pu le montrer Luis Vaudan-Bellaro pour l’OSEO Valais :

« Produire des biens et services en continu tout en insérant le plus rapidement possible les personnes employées dans l’entreprise sociale sur le marché du travail dans un temps relativement court ; assurer la mise à jour très régulière d’un outil de production pour permettre de répondre au niveau défis par des ressources financières limitées, trouver du personnel d’encadrement qualifié qui bénéficie à la fois de compétences techniques et sociales, etc. »

Dans la même perspective, COREM Sierre, représenté par Céline Splivalo, propose de préparer en plusieurs étapes les bénéficiaires à une certification dans les soins, notamment pour les migrant∙e∙s, en les préparant par des cours de français à l’entrée dans une formation en collaboration avec la Croix-Rouge et des EMS. Un modèle proche, mis en place en collaboration entre l’État du Valais, en particulier l’Office de l’Asile et Hôtel & Gastro formation, promeut la « Reconnaissance institutionnelle de pratique professionnelle ». RI-PP, n’est certes pas un acronyme très heureux comme l’a concédé Stève Delasoie, Président d’Hôtel et Gastroformation Valais, mais il désigne une certification sur mesure dans le service et la cuisine afin de faciliter l’intégration de publics précaires en recherche de travail.

Interventions sur l’offre

La deuxième grande forme prise par l’insertion par l’économique consiste à intervenir sur l’offre de travail par la mise en place de dispositifs souples et ciblés qui impliquent souvent les organismes d’insertion, les entreprises et l’État.

C’est le cas du programme Stagiaires en transition présenté par Evelyne Imbalzano et Dominique Wohlhauser, créé en 2009 par la COOP et destiné aux jeunes qui rencontrent des difficultés scolaires et/ou d’insertion. Au travers d’un retour inversé vers la formation, ce programme propose 10 mois de stage rémunérés. A l’issu de cette expérience professionnelle, le but pour le ou la jeune est de décrocher une place d’apprentissage, place qui est garantie par la COOP si la personne finalise son stage. Job Service coordonne dans le canton de Neuchâtel cette mesure et collabore avec l’État et les centres professionnels pour la mise en place de cours de préparation à l’entrée en apprentissage.

Afin de prévenir le manque de personnel dans le secteur administratif médical, Christelle Krieg a présenté les mesures CEAA du CHUV en collaboration avec l’État de Vaud. Ce dernier finance la formation duale sur 10 mois de personnes principalement bénéficiaires du Revenu d’insertion (RI), avec certificat de formation interne reconnu dans le système hospitalier et un emploi à la clef.

Enfin, Prolog-emploi, en tant qu’organisme d’insertion, intervient dans le secteur socio-sanitaire du canton de Vaud en proposant des contrats à durée déterminée (CDD) pendant 10 mois pour des bénéficiaires du revenu d’insertion (RI). L’État finance l’accompagnement-recrutement en amont des personnes concernées par le dispositif d’insertion et un fond alimenté par les structures du secteur finance les salaires.

Dans ces trois exemples, le pilotage des dispositifs est mixte et prend en compte les contraintes des différents partenaires en réseau.

Extension du domaine des RH

La préoccupation de l’insertion qu’il s’agisse de recruter de nouveaux collaborateur∙trice∙s ou de maintenir en emploi (en cas de problèmes de santé par exemple) est toujours plus importante dans les entreprises du premier marché. Cette préoccupation donne lieu à des projets d’insertion à leur initiative, souvent sous la forme d’une extension du domaine des ressources humaines à la question de l’insertion. Les collaborations sont tissées selon les besoins avec des organismes étatiques ou parapublics.

C’est le cas d’une deuxième initiative du CHUV présentée par Christelle Krieg. Le dispositif dit de réinsertion intervient rapidement lors de problèmes de santé des collaborateurs et collaboratrices, identifiés notamment par une absence de travail prolongée. Cette démarche cherche à créer les conditions permettant un retour au travail en mobilisant un réseau de partenaires selon les situations (OAI, caisse de pension, médecine du travail, ergonomes, psychologues du travail, médiation, etc.).

La présentation de Simon Ammann de la MIGROS va dans le même sens en indiquant également comment l’entreprise peut lutter contre l’illectronisme (ou encore l’illettrisme) de ses employé·e∙s en assurant des formations continues afin d’éviter leur disqualification et leur exclusion de l’emploi.

Enfin, le modèle de production de tableaux électriques par le Groupe E et la création en son sein d’un atelier spécifique de sous-traitance destiné à des personnes en situation de handicap psychique présenté par Philippe Curty, compose le dernier modèle d’extension du recrutement. Le Centre d’intégration Socio-professionnel de Fribourg, représenté par sa directrice Elisabeth Mauron-Hemmer, met à disposition de l’entreprise un maître socio-professionnel. Ici, les bénéficiaires sont intégrés au cœur même de l’outil de production qui a été complètement réorganisé dans ce but.

Tous ces modèles spécifiques cherchent à répondre localement à la fois au manque de main d’œuvre dans certains secteurs et au peu (ou au manque) d’inclusivité d’un marché du travail aujourd’hui très sélectif comme l’a indiqué Thomas Jammet, chercheur à la HETS-Fribourg, en introduction de la journée.

Les enjeux de l’insertion par l’économique

Les discussions autour de ces différents modèles d’insertion par l’économique a permis de pointer un certain nombre d’enjeux actuels qui touchent à la fois les publics précarisés, la relation aux entreprises partenaires et la manière dont ces différentes initiatives sont reconnues dans le paysage institutionnel suisse romand.

Extension du domaine des RH

Pour les publics visés par les différents modèles d’insertion par l’économique présentés lors de la journée, les enjeux sont surtout des enjeux de reconnaissance matérielle et symbolique. Celle-ci passe bien entendu par le fait d’être reconnu comme travailleur avec des droits.

Avoir un salaire et être rétribué, même si on se trouve « en insertion », reste un enjeu important de mobilisation au travail. La reconnaissance passe également par le sentiment d’appartenir à une communauté qui a de la valeur dans les mondes du travail.

Porter les habits et les « couleurs » d’une entreprise est d’ailleurs souvent synonyme de fierté. L’acquisition d’une certification n’est pas seulement la validation de compétences qui sont recherchées par les employeurs, mais c’est aussi celle de l’appartenance à une identité de métier. Enfin, la garantie de l’emploi au bout du processus d’insertion apparaît, au regard des présentations de cette journée, comme un gage de sens pour les bénéficiaires de ces mesures en permettant de se projeter dans un futur à investir. L’aspect central d’investissement dans le futur des bénéficiaires a été particulièrement souligné par Paola Riva Gapagny, Députée PS au Grand Conseil VS, lors de la table ronde du monde du matin.

Pour les organismes d’insertion

En tant que facilitateurs de l’accès au monde du travail, les organismes d’insertion sont devenus des partenaires à part entière des organisations faîtières et des entreprises, notamment en matière de recrutement.

Un des enjeux posés par ce rôle de facilitateur est qu’il ne se limite pas à celui de sas de l’insertion en rejouant à l’identique les mêmes critères de sélection que les entreprises. Pour cela, ce secteur a besoin de supports stables au déploiement de ses activités.

C’est le cas des financements, liés à l’activation des personnes et non à l’activité de développement de solutions d’insertion (plusieurs discussions ont montré en ce sens l’intérêt de voir l’insertion comme un investissement social) ; l’organisation au niveau territorial d’un continuum de mesures à même de couvrir les parcours non-linéaires des bénéficiaires ; et enfin la formation initiale et continue des professionnel∙le∙s de l’insertion, métiers par excellence de l’adaptation à tout niveau.

Du côté des relations avec les entreprises

Nous avons constaté également que le premier marché du travail offrait actuellement tout un ensemble d’opportunités liées à la fois au manque de main d’œuvre dans certains secteurs et à l’incertitude qui pèse sur les métiers du futur. Ce contexte particulier où l’appel à des qualifications élevées est une rengaine constante, crée de l’autre côté de l’échelle sociale des manques pour répondre à des activités dont la qualification est inférieure aux CFC. Accompagner les publics vers ces opportunités d’emploi, c’est aussi porter la responsabilité de leur permettre de durer par des compétences transversales adaptables aux changements plus rapides des exigences du monde du travail.

Le défi des métiers du futur, par définition, pas encore clairement présent, mais potentiellement à venir, constitue là aussi une opportunité pour l’innovation dans le secteur de l’insertion qui est porteur de sens.

Ces deux défis sont présents au cœur même des entreprises et les encouragent à chercher des partenaires extérieurs pour y répondre. La montée de la responsabilité sociale et citoyenne des entreprises est un indicateur d’un besoin d’exister également sous l’angle du « social ».

Expérimentation versus institutionnalisation

La présentation par Roberta Incandela du Comité Bassin Emploi du Seignanx (FR) de la clause insertion à la française pose en retour la question, pour la Suisse, du degré d’institutionnalisation de l’insertion par l’économique qui est souhaité ou souhaitable. Le modèle centralisé français crée un effet d’incitation à large échelle en contraignant les entreprises qui concourent à des marchés publics à acheter des heures d’insertion. Ce programme standardisé laisse toutefois en retour peu d’initiatives locales. À l’inverse, le panorama des mesures de l’insertion par l’économique en Suisse montre toute une série de formes de bricolage local qui allient financements étatiques standards, milieux économiques et organismes d’insertion parapublics qui jonglent avec tout un ensemble de contraintes et d’opportunités changeantes. Leur degré d’institutionnalisation est faible et les programmes et les organisations plutôt précaires.

En conclusion, cette journée d’étude a souligné le rôle central des organismes d’insertion, qui agissent comme facilitateurs essentiels entre le premier marché du travail et les personnes en (ré-)insertion. Leur originalité réside non seulement dans l’accompagnement des publics, pris dans leur diversité, mais aussi dans le soutien qu’ils offrent aux entreprises, en les aidant à s’adapter aux défis actuels du marché du travail, notamment en matière de recrutement.

En ce sens, les organismes d’insertion ont un double-rôle crucial à affirmer : en même temps qu’ils soutiennent l’employabilité des publics qu’ils accompagnent, ils contribuent activement à renforcer l’employeurabilité des entreprises. Ces « services » de facilitation présentent un potentiel encore sous-exploité, notamment pour des entreprises qui ne collaborent pas encore avec les acteurs de l’insertion.

La Commission romande de l’insertion par l’économique (CRIEC)

La CRIEC représente et fédère les organisations romandes actives dans les programmes d’insertion par l’économique. Son but est d’animer un espace d’échanges autour de bonnes pratiques et de projets innovants. A travers l’organisation de journées d’étude et de rencontres réunissant les professionnel∙le∙s de l’insertion par l’économique, la Commission spécialisée favorise leur professionnalisation et encourage l’innovation. Cette plateforme d’échange fait remonter les préoccupations et renforce le transfert de savoir entre les acteurs et actrices du terrain. Elle conseille Insertion Suisse sur les thématiques liées à l’insertion par l’économique et développe des coopérations avec les milieux académiques pour stimuler la recherche dans ce domaine. Enfin, elle permet la représentation de leurs intérêts vis-à-vis des acteurs∙rices politiques, économiques et sociaux. Pour le moment, il n’existe pas de Commission spécialisée sur l’insertion par l’économique en Suisse alémanique. Les organisations intéressées pour lancer un tel projet sont invitées à prendre contact avec Insertion Suisse.

Liens
CRIEC
↓ Journée CRIEC 2024 Présentations (PDF, 5297 KB)

Coup de projecteur sur Insertion Genève

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« À la rencontre d’Insertion Genève »

Processus de professionnalisation, impact de la mise en place du salaire minimum dans le canton ou encore rencontre avec les faîtières patronales − dans son interview, Insertion Genève, nous retrace son parcours, nous livre ses ambitions pour le futur et s’exprime sur les enjeux régionaux qui la préoccupent.

Pourriez-vous nous présenter votre association ?

Insertion Genève est une structure associative gérée par un Comité bénévole de 5 personnes. Dans sa volonté de professionnaliser l’association, Insertion Genève a engagé à 40% au 1er novembre 2022 leur Chargée de mission, Alexandra Ribi, qui coordonne aujourd’hui les actions du Comité. À ce jour, Insertion Genève rassemble 25 organisations actives dans la formation et l’insertion socioprofessionnelle du canton de Genève. Avec la professionnalisation d’Insertion Genève, nous avons pour objectif de renforcer la représentation des intérêts de nos membres auprès des autorités et d’offrir davantage de prestations.

Quelques mots sur vos activités et actualités ?

La professionnalisation d’Insertion Genève est notre priorité actuelle. Nous avons commencé par une phase de recensement et d’actualisation des coordonnées de nos membres. Nous avons ensuite défini trois grandes étapes pour la professionnalisation : l’amélioration de l’organisation et du fonctionnement général d’Insertion Genève, l’augmentation de notre visibilité et enfin, le développement de nos prestations.

Nous avons rencontré proactivement nos membres, afin de mieux les connaître et découvrir leurs activités. Conjointement à cela, nous avons élaboré un sondage numérique, afin de compléter les informations de notre base de données sur les membres. Un grand travail de récolte et de capitalisation des données issues des entretiens et du sondage numérique est en train d’être finalisé.

Nous avons également lancé un groupe de travail, afin de mener une réflexion sur les critères d’adhésion et les valeurs d’Insertion Genève. Enfin, nous venons de créer notre page LinkedIn, qui renforcera notre visibilité et la communication avec nos membres.

Quels sont les enjeux qui vous préoccupent aujourd’hui ?

La problématique du salaire minimum pour le cas des stages de réinsertion professionnelle a été au cœur de nos préoccupations ces derniers mois. Depuis l’application du salaire minimum en novembre 2020 à Genève, il y a eu un durcissement des directives émanant de l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (Ocirt), qui obligeaient les prestataires à rémunérer leurs stagiaires au salaire minimum.

En raison de l’incapacité de certaines structures sociales d’assumer financièrement ces stages, de nombreuses offres ont été supprimées ou étaient en danger, et ce au détriment des bénéficiaires.

« Insertion Genève s’est engagée dans un groupe de travail guidé par le Département de la cohésion sociale, pour la réalisation d’un projet de référentiel de critères d’exception au salaire minimum pour les stages d’insertion socioprofessionnelle. »

Courant mois d’octobre 2023, le Conseil d’Etat genevois a décidé d’adapter son règlement. Les stages d’insertion socio-professionnelle pourront désormais être exemptés du salaire minimum selon des critères bien précis.

Dans quels domaines les prestations d’insertion devraient être développées selon vous ?

Insertion Genève a des attentes quant à la mise en place d’une stratégie cantonale d’insertion conjointement élaborée par l’Hospice général et l’OAIS. Elle souhaite :

  • se positionner comme un acteur transversal, agissant au nom de ses membres, pour démontrer les forces et les ressources du secteur de l’insertion professionnelle à Genève ;
  •  faire le lien entre les membres de toutes tailles et les institutions (OAIS, HG à ce jour) ;
  • contribuer à faire reconnaître le secteur de l’insertion professionnelle comme un secteur professionnel à part entière, à travers une faîtière ;
  • remplir des mandats, des missions pour l’OAIS et l’Hospice Général et remplir un rôle éminemment soutenant, qui contribue à valoriser le travail de tous ses membres.

Il est question également de mener des rencontres proactives avec les faîtières patronales, et ce afin d’identifier les besoins et les opportunités en termes de collaboration, de placement et d’amélioration continue. En effet, il est essentiel pour Insertion Genève de prendre sa place dans un paysage économique nourri, afin de contribuer au débat public et d’avoir un impact sur les décisions qui concernent ses membres.

Toujours dans cette idée de rencontres avec les faîtières du canton de Genève, nous projetons notamment de continuer nos échanges avec le CAPAS (Collectif d’associations pour l’action sociale) afin de garantir des prestations au plus près des besoins de nos membres. Concernées par un public commun, nous souhaitons promouvoir une image solidaire et collaborative entre associations faîtières.

Coup de projecteur : Jeunesse et SEMO

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« Ces échanges réguliers encouragent la diffusion des bonnes pratiques »

Avec la création de la Commission spécialisée jeunesse et SEMO, c’est l’occasion pour Christine Gfeller, responsable du semestre de motivation (SEMO) à Bienne, de revenir sur l’évolution du SEMO et les défis liés à l’insertion des jeunes. Elle nous parle également du rôle de la nouvelle Commission et de ses objectifs.

Pourriez-vous vous présenter et parlez de votre rôle dans l’organisation des semestres de motivation ? Comment se présente ce programme d’insertion des jeunes à Berne ?

Je m’appelle Christine Gfeller. Depuis 14 ans, je suis responsable du semestre de motivation bilingue à Bienne. A l’origine, j’étais enseignante à l’école obligatoire. Puis, j’ai bifurqué pour devenir enseignante spécialisée et ai commencé à travailler avec les jeunes adultes. C’est à ce moment-là que deux choses m’ont frappée : la première était à quel point le travail avec les adolescent∙e∙s et les jeunes adultes me tenait à cœur. La seconde était à quel point il est passionnant d’accompagner ce groupe d’âge sur le chemin du monde du travail. A Bienne, mon équipe est composée d’enseignant∙e∙s, d’accompagnat∙eurs∙rices socioprofessionnels, de travailleu∙rs∙ses sociaux ou encore de psychologues.

« La diversité et l’approche globale de l’accompagnement des adolescent∙e∙s et des jeunes adultes dans le cadre du SEMO me plaît beaucoup et rend mon travail passionnant. »

Comment est-ce que le semestre de motivation a vu le jour ?

Dans les années 1990, le chômage des jeunes était très élevé. En réaction à ce phénomène, le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) a demandé aux Cantons de mettre en place des programmes de soutien pour les jeunes sans emploi et sans formation – le SEMO voyait le jour. Il s’agit d’un programme d’insertion professionnelle, en partie financé par l’assurance-chômage, pour que les jeunes de 15 à 25 ans, sans solution après l’école obligatoire, puissent suivre une formation et trouver leur place sur le marché du travail.

En 2023, une nouvelle Commission spécialisée SEMO et jeunesse (DE) apparaissait au sein d’Insertion Suisse. Quelle est l’histoire derrière la création de cette commission ? Pourquoi a-t-elle été créée ?

Il y a 30 ans, lors de la création des semestres de motivation, le SECO endossait une responsabilité dans la coordination des SEMO en Suisse. Il faut bien comprendre que les directives qui encadrent l’organisation des SEMO sont édictées par le SECO tandis ce que leur mise en œuvre est de la responsabilité des Cantons. Cette situation conduit à des pratiques et des offres disparates entre les Cantons. Le mandat est le même mais les pratiques sont différentes.

Voilà pourquoi, le SECO avait chargé un coordinateur d’organiser deux fois par an des échanges de pratiques entre les responsables cantonaux des SEMO et la mise en place de formation continue spécialement conçu pour les collaborateurs et les collaboratrices des SEMO.

Seulement, il y a quelques années, le SECO a décidé de transférer cette responsabilité aux Cantons et la coordination a été supprimée.

« En réponse à cette suppression, nous avons toutefois pris le parti de continuer à nous rencontrer car les échanges de pratiques étaient précieux pour mettre en commun nos ressources et identifier des synergies. »

Peu à peu, l’idée que nous voulions plus de stabilité a fait son chemin. C’est dans cette optique que nous avons pris contact avec Insertion Suisse et constaté que la création d’une Commission spécialisée était la meilleure solution pour atteindre nos objectifs.

En parlant de cela, quels sont les principaux objectifs de la Commission spécialisée ? Quel manque vient-elle combler ?

Tout d’abord, il est central de développer un réseau entre les acteurs et les actrices du SEMO par le biais de journées d’étude, de rencontres et de formations continues. Lorsque nous nous réunissons, presque tous les cantons germanophones sont présents, il ne manque que des représentant∙e∙s des Cantons de Fribourg et du Valais.

« Ces échanges réguliers encouragent la diffusion d’idées et de bonnes pratiques. »

Par exemple, il y a un an, le représentant du Canton des Grisons m’a appelée. En effet, à Berne, nous avons mis en place un programme SEMO à bas seuil. Cette offre s’adresse aux jeunes qui ne sont pas encore prêts à entamer une formation professionnelle et qui ont besoin de soutien pour développer des compétences professionnelles de base. Mon collègue des Grisons s’est ainsi renseigné sur la faisabilité de mettre en place un tel programme dans son Canton. Je l’ai aidé pour avoir accès aux chiffres du Canton de Berne et il a ainsi disposé d’arguments supplémentaires pour convaincre de la plus-value d’une telle offre.

Enfin, nous constatons que notre mandat ne correspond plus à la réalité. Beaucoup de places d’apprentissage sont disponibles et le chômage a baissé. Les jeunes qui fréquentent le SEMO aujourd’hui ont de lourds bagages et de nombreux défis à relever. Notre mission reste la même, mais la clientèle a évolué. Face à cette situation, il est essentiel de s’unir pour formuler des demandes auprès du SECO et de présenter d’une même voix la situation sur le terrain.

« Se réunir en tant que Commission d’Insertion Suisse apporte à nos déclarations une légitimité supplémentaire. »

Vous dites que la clientèle du SEMO a changé, quelles évolutions avez-vous observées ces dernières années ?

Depuis six ou sept ans, nous observons que la problématique de la santé mentale chez les jeunes prend de plus en plus d’importance. C’était déjà le cas avant la pandémie, mais le COVID a encore accentué le phénomène. Les offres doivent s’adapter aux besoins spécifiques des jeunes ayant des problèmes de santé mentale. C’est la raison pour laquelle une offre à bas seuil a vu le jour au SEMO de Berne.

La deuxième grande évolution observée est liée à la migration. Avec les vagues de réfugié∙e∙s, de nombreux jeunes entre 15 et 25 ans sont arrivés en Suisse, y compris des jeunes non accompagnés.

« Nous sommes alors confrontés aux problématiques de la maîtrise de la langue, des différences culturelles et de la gestion des traumatismes liés au parcours migratoire. »

En parallèle à ces évolutions sociétales, le paysage de la formation professionnelle s’est transformé avec la généralisation des certificats fédéraux de deux ans : les AFP. Cela a permis aux jeunes, qui n’arrivaient pas à décrocher une place d’apprentissage de trois ans, d’avoir accès à un certificat fédéral.

Enfin, de plus en plus de jeunes ont besoin du soutien de l’assurance invalidité (AI) pour financer une formation professionnelle aménagée avec le soutien nécessaire. Nous apportons alors un accompagnement dans les démarches auprès de l’AI. C’est notamment le cas par exemple, avec des jeunes atteints du syndrome d’Asperger, de troubles de l’attention ou d’autres troubles psychiques prolongés. Il n’y avait auparavant pas autant de nuances du spectre des troubles mentaux qui étaient diagnostiqués.

Trente ans auparavant, la clientèle typique du SEMO était constituée de jeunes qui n’avaient pas trouvé de place d’apprentissage en raison de résultats scolaires insuffisants. Bien entendu, il y avait aussi des jeunes malchanceux qui, malgré de nombreuses candidatures, n’avaient pas encore reçu de réponse positive. Cette clientèle existe encore. Toutefois, si ces jeunes sont assidus et sont motivés pour trouver une place d’apprentissage, il est pour nous plus facile d’offrir le soutien adéquat.

« Les thématiques sont devenus plus nombreuses, plus variées et plus complexes. L’offre doit s’adapter à ces nouveaux besoins et pour ce faire, nous avons besoin d’autres modèles et possibilités de financement. »

65

le nombre de membres d’Insertion Suisse actifs dans l’insertion des jeunes

La Commission spécialisée Jeunesse et SEMO

La Commission spécialisée Jeunesse et SEMO représente les membres des Cantons Suisse-Allemands qui proposent des programmes d’insertion socio professionnelle pour les jeunes. Son but est de mettre en réseau les acteurs et actrices de l’insertion des jeunes pour permettre un échange d’expériences et de bonnes pratiques. A travers l’organisation de colloques et de rencontres réunissant les professionnel∙le∙s de l’insertion des jeunes, la Commission spécialisée favorise leur professionnalisation et encourage l’innovation. Cette plateforme d’échange fait remonter les préoccupations et les connaissances des acteurs du terrain. Elle conseille Insertion Suisse sur les thématiques liées à l’insertion des jeunes et les semestres de motivation. Enfin, elle permet la représentation de leurs intérêts vis-à-vis des acteurs∙rices politiques, économiques et sociaux. Pour le moment, il n’existe pas de Commission spécialisée jeunesse et SEMO en Romandie, les organisations intéressées pour débuter un tel projet sont invitées à prendre contact avec Insertion Suisse.

Coup de projecteur sur la CRIEC

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« En Suisse, nous vivons côte à côte sans dialoguer suffisamment »

Morgane Kuehni et Yves Ecoeur sont tous les deux co-responsables de la Commission romande pour l’insertion par l’économique (CRIEC). Ils reviennent sur le parcours peu commun de cet organe, sur les enjeux de l’insertion par l’économique ainsi que sur les perspectives pour le futur.

En quelques mots, pourriez-vous vous présenter et parlez de votre rapport à l’insertion par l’économique ?

Yves Ecoeur : Depuis plus de 25 ans, je suis actif dans le domaine de l’insertion au sein de l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO) où j’ai développé des programmes de formation, de coaching et des mesures d’’insertion par l’économique. Au début des années 2000, après avoir fédéré les acteurs de l’insertion en Valais, j’ai été vice-président d’Insertion Suisse. Actuellement directeur de l’OSEO Vaud, nous accompagnons au total chaque année 2’500 participant∙e∙s et proposons des programmes plus spécifiques d’insertion par l’économique. Beaucoup d’entre eux ont un lien fort avec la transition écologique.

Morgane Kuehni : Je suis sociologue du travail, professeure à la Haute école de travail social et de la santé de Lausanne (HETSL-HES-SO) depuis 10 ans. Je m’engage également comme membre du réseau de compétences MaTISS (Marché du travail, insertion et sécurité sociale). Mes axes de recherche et d’enseignements traitent des politiques d’activation développées dans le cadre de la protection sociale en Suisse, en particulier dans les domaines de l’assurance chômage, de l’assurance invalidité et de l’aide sociale. L’insertion par l’économique ne représente qu’une partie des mesures d’insertion développées aujourd’hui. Toutefois, celle-ci est particulièrement intéressante à soumettre à l’analyse au vu de sa proximité ou de ses recoupements avec le marché du travail.

Quelle est l’histoire derrière la création de la Commission romande de l’insertion par l’économique ? Pourquoi a-t-elle vu le jour ?

Yves Ecoeur : Tout est parti d’une prise de conscience de l’importance de développer des programmes d’insertion qui présentent des liens forts avec les conditions réelles d’emploi. A travers des stages dans des entreprises privées ou encore par la mise sur pied d’entreprises sociales, les participant∙e∙s se retrouvent mis en situation et acquièrent des compétences professionnelles.

A la fin des années nonantes différents acteurs et actrices romand∙e∙s ont réfléchi ensemble à la thématique de l’insertion par l’économique. Nous sommes allés aux rencontres francophones de l’économie sociale, une fois en Belgique et une fois à Montréal. La nécessité de s’organiser s’est alors imposée. C’est dans ce contexte que le Conseil romand d’insertion par l’économique, ancêtre de la CRIEC, a vu le jour. Dans la même période, nous avions, à l’OSEO, organisé à Fribourg le premier colloque national des entreprises d’insertion en 1999. Ce n’est que récemment que la CRIEC s’est remobilisée et rapprochée d’Insertion Suisse pour formaliser la collaboration via une commission formelle au sein de l’association faîtière. Ce rapprochement crée des synergies précieuses.

« D’un côté, Insertion Suisse bénéficie d’une expertise de première main sur l’insertion par l’économique ; de l’autre, la CRIEC gagne en visibilité et en légitimité. »

D’une manière générale, quels sont les objectifs principaux poursuivis par la commission spécialisée ?

Morgane Kuehni : La CRIEC est d’abord un lieu de discussion et de rencontre visant à promouvoir les échanges de pratiques entre professionnel·les de Suisse romande. Pour remplir cette mission, nous avons pour objectif d’organiser des rencontres thématiques portant sur l’insertion par l’économique. La CRIEC vise ensuite à sensibiliser les différentes parties prenantes, dont les décideurs et les décideuses politiques, concernant certains enjeux actuels de l’insertion par l’économique. L’objectif est de documenter et d’informer des préoccupations du « terrain » ; qu’il s’agisse des différentes problématiques rencontrées par les professionnel·les ou les personnes accompagnées. Enfin, nous souhaitons dynamiser l’échange au niveau national et international en renforçant les interactions à l’intérieur de la communauté et des réseaux professionnels et académiques actifs dans ce domaine.

Quels sont les grands enjeux actuels de l’insertion par l’économique ?

Morgane Kuehni : Vaste question ! Il n’est pas aisé de répondre de manière concise, car cela dépend du point de vue avec lequel on l’aborde. Au niveau politique tout d’abord, il n’y a pas véritablement de consensus : que vise l’insertion par l’économique ? Un retour sur le marché du travail ordinaire ou une place de travail subventionnée qui permet de travailler dans d’autres conditions que celles du marché ? Plusieurs modèles coexistent aujourd’hui en Suisse.

Si l’on prend le point de vue des organisateurs et organisatrices de mesures, les enjeux de financement sont particulièrement saillants. Les entreprises sociales reposent sur un modèle commercial mixte avec un financement qui vient du marché et de subventions étatiques. Les conditions du soutien financier varient selon les cantons, les publics concernés (aide sociale, chômage, assurance-invalidité) ou encore la situation économique, par exemple le taux de chômage. A cela s’ajoute d’autres enjeux organisationnels, notamment la mise en concurrence des organisateurs et organisatrices de mesures, la clause de non-concurrence économique ou encore le profil des publics accueillis et le type de mandat confié par l’État.

Pour les professionnel·le·s de l’insertion, les enjeux sont encore différents, car leur objectif est double. Il s’agit d’une part de produire des biens et des services qui doivent être vendus sur le marché et, d’autre part, d’accompagner et/ou de renforcer « l’employabilité » des personnes exclues du marché du travail. Ces personnes sont parfois dans des situations très complexes, certaines ont beaucoup d’attentes et d’autres de nombreuses craintes. Pour les professionnel∙les de l’insertion, le manque de ressource, et particulièrement le manque de temps est un enjeux crucial. En effet, les mesures sont souvent de durée limitée (3, 6 ou 12 mois) et, dans certains cas, elles sont évaluées, par exemple sur la base d’un taux de réinsertion.

« C’est un vrai travail de jonglage qui se met en marche dans ce laps de temps, entre les tâches d’accompagnement, la formation, la prospection pour trouver des places de travail ou encore la rédaction de rapports à destination des mandataires. »

Pour les bénéficiaires, les enjeux sont encore tout autre. Ces personnes travaillent dans des conditions qui diffèrent le plus souvent de celles du marché, en termes de contrats de travail, de rémunération, de perspective de carrière et plus largement de reconnaissance de leur investissement. Les enjeux statutaires sont pour le moins importants : suis-je vraiment un·e travailleur·euse comme un∙e autre si mes conditions de travail sont tellement différentes ? La réponse n’est pas simple et les vécus sont très différents selon les situations. Sur le versant négatif il y a le sentiment d’exploitation et le risque de stigmatisation et, sur le versant positif, le sentiment d’utilité et d’appartenance, la structuration journalière, les apprentissages, etc.

Que souhaitez-vous pour le futur développement de cet organe ?

Yves Ecoeur : D’une part, je souhaite élargir et diversifier le cercle de la CRIEC en intégrant d’autres acteurs et actrices romands de l’insertion par l’économique. Certains Cantons romands ne sont pas encore représentés dans la Commission. D’autre part, je suis d’avis qu’un dialogue avec les autres organisations du même type en Suisse alémanique doit être instauré. Comme dans de nombreux domaines en Suisse nous vivons côte à côte mais sans dialoguer suffisamment. Sur ce plan, Insertion Suisse fait un très bon travail pour favoriser l’échange entre les acteurs et actrices de l’insertion.

« Il faut que la CRIEC joue un rôle de fer de lance pour faire remonter du terrain les préoccupations de l’insertion par l’économique. »

A travers Insertion Suisse, je souhaite que nous incarnions les porte-paroles légitimes de l’insertion par l’économique auprès des décideurs et décideuses au niveau de l’administration et de la politique. Enfin un dialogue avec les Hautes écoles doit être développé pour évaluer les pratiques actuelles et stimuler les acteurs pour créer de nouveaux outils d’insertion par l’économique, ceci en tenant compte des limites planétaires.

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le nombre de membres d’Insertion Suisse proposant des biens ou des services générant un revenu économique. 36 d’entre eux sont francophones et 91 germanophones.

La Commission romande de l’insertion par l’économique (CRIEC)

La CRIEC représente et fédère les organisations romandes actives dans les programmes d’insertion par l’économique. Son but est d’animer un espace d’échanges autour de bonnes pratiques et de projets innovants. A travers l’organisation de journées d’étude et de rencontres réunissant les professionnel∙le∙s de l’insertion par l’économique, la Commission spécialisée favorise leur professionnalisation et encourage l’innovation. Cette plateforme d’échange fait remonter les préoccupations et renforce le transfert de savoir entre les acteurs et actrices du terrain. Elle conseille Insertion Suisse sur les thématiques liées à l’insertion par l’économique et développe des coopérations avec les milieux académiques pour stimuler la recherche dans ce domaine. Enfin, elle permet la représentation de leurs intérêts vis-à-vis des acteurs∙rices politiques, économiques et sociaux. Pour le moment, il n’existe pas de Commission spécialisée sur l’insertion par l’économique en Suisse alémanique. Les organisations intéressées pour lancer un tel projet sont invitées à prendre contact avec Insertion Suisse.